Je vous avouerai que ce n’est pas dans mes habitudes de parler de moi et c’est avec quelques difficultés que je le fais. Pourquoi ? Pour la simple et unique raison que j’ai une vie des plus banales. Enfin banale, si tant est qu’être un vampire et que vivre dans une ville magique perdue au fin fond de l’Alaska soit quelque chose de banal. Autrement, en effet, il n’y a rien de plus à relever je crois.

J’ai toujours vécu à Bornaway en fait, j’y suis née aussi et pour tout vous dire, je n’ai jamais bougé. Genre, jamais jamais. Ça parait con mais petite, mes parents n’ont rien trouvé de mieux que me faire peur avec le monde du dehors en me parlant de ces humains qui nous traquent depuis des siècles, des fourches, du feu, des pieux… En grandissant je n’ai donc pas eut suffisamment de curiosité pour oser mettre les pieds dehors. Pas parce que j’avais encore peur des histoires scabreuses que m’avaient conté mes parents, mais parce que l’inconnu m’effrayait… Je sais, je sais ! C’est ridicule… mais si vous vous mettez quelques secondes à ma place, vous devriez comprendre.

Enfin, voilà… j’ai passé mes cent vingt-deux années de vie entre les limites de Bornaway mais sincèrement je ne m’en plein pas. J’aime être un vampire, j’aime cette facilité pour me nourrir, côtoyer les miens mais également les autres créatures. J’aime notre histoire, j’admire Lucifer et je le remercie pour tout ce qu’il a fait. En gros, je suis ce qu’on pourrait appeler une bonne élève de Bornaway ; je connais tout sur tout, je suis plus qu’amoureuse de notre condition et je suis assez indifférente aux humains. Je sais ce qu’ils ont fait à Lucifer, l’enfer qu’ils ont fait vivre à mes ancêtres mais je sais aussi et surtout que nous sommes plus forts et bien supérieurs ; je ne tiens donc plus vraiment compte de tout cela à tel point que je suis devenue professeur à la Red Blood School. Je leur enseigne l’histoire des vampires, je leur apprends le vrai pour le discerner du faux, je leur montre les rudiments aussi, l’art de la transformation, de se nourrir, de chasser bien que je ne l’ai jamais fait hors des murs de la ville. On pourrait trouver ça bizarre mais je suis particulièrement guidée par l’idée d’un monde uniquement habités par les monstres alors j’approuve le fait de les transformer et les rallier à notre cause.